Écrire


Josée

Pour écrire il faut qu’il y ait un besoin d’écrire, un trop plein d’énergie mentale dans lequel on baigne de façon générale. C’est un don, et comme tous les dons peut-être, il est dispendieux d’entretien dans le sens qu’il fait vivre une pression occulte à contenir avec vigilance. C’est un assemblement de défunts, des intellectuels curieux, qui obsèdent l’ego non vigilant. Les miens m’obsèdent de leur impatience de décrire les choses pour avoir des compliments. Il faut sans cesse contenir ce trop-plein d’énergie mentale.

 

Quand l’ego arrive à écrire consciemment, c’est parce qu’il transcende complètement son don. Il a quitté le monde de son don qui est celui de la curiosité astrale, du désir d’être reconnu socialement, etc etc. Il écrit dans une nouvelle fréquence psychique où il se connecte avec sa source. Cette accession, il peut aller la chercher du fait que c’est en tant qu’entité parfaitement individualisée qu’il le fait, et non plus en tant que « porte-parole » d’égrégores extérieurs.

 

Avec l’âme comme source d’inspiration, on est dans la naïveté puisque l’âme est conçue pour donner donner donner tout ce qui va appâter l’homme à lui faire faire – aveuglément - des expériences. Écrire cessera graduellement de créer des « expériences » à mesure qu’on aura l’esprit comme source d’inspiration. Ce transfert de source demande d’être dans le sevrage de la quête d’expérience, mais activement car il faut assumer l’arrachage des croyances qui sont derrière ces quêtes d’expérience. L’esprit est en effet une énergie pure qui ne pénètre l’homme qu’au prix de déceptions continuelles. Écrire avec l’esprit nous pousse à un détachement de nos formes tandis qu’écrire avec l’âme nous fait nous attacher aux formes.

 

La valeur informationnelle de l’écriture est inversement proportionnelle au désir que l’ego en a par vanité. Pour demeurer dans une communication supramentale de haute teneur informationnelle, il faudrait préalablement se placer hors de portée de l’astral une fois pour toutes. Ça n’arrivera pas de notre vivant. Dans cette vie planétaire, on ne peut que constamment retourner aller chercher l’information sur le plan de l’esprit - en se branchant à l’esprit. L’esprit collabore à ce qu’on puisse se placer hors de portée de l’astral mais très temporairement car rien n’est gratuit, chaque fois il faut s’élever d’abord.

 

Il ne s’agit plus de la quête de la clé des mystères livrée aux chanceux sur un plateau d’argent. La face cachée de ce fantasme est une propension au doute. Or, pour canaliser de l’information nouvelle, il faut apprendre à se voir comme étant plus puissant que tous ses doutes, capable de prendre toute panne d’inspiration.

 

Il ne suffit pas d’avoir une belle plume pour être créatif. Cette pseudo créativité est le fruit d’une multitude de parasites énergétiques qui sont autant de causes : il y a la cause lyrique, métaphorique, dramatique, romantique et même technique ! L’homme réel a fait cette découverte, et s’il écrit, il n’est plus solidaire que de sa propre cause à l’exclusion des autres. Chaque fois qu’il lui est donné d’écrire de façon centrique, il se voit entrer dans son identité propre.

 

La même chose est vraie pour la peinture, la dramaturgie, la photographie, le cinéma, etc. La capacité visionnaire est un don commun à bien des artistes inconscients. Mais cette plate-forme de communication visuelle est astrale. Elle ne sera transmutée que durant le processus de fusion, à mesure qu’elle servira à établir l’échange avec le moi cosmique, au même titre que les mots, les manifestations corporelles ou les clins d’œil événementiels qui tous construisent une intimité entre le moi planétaire et sa source cosmique.

 

Reste sur ton besoin d’instruction, de toute façon c’est jouissif.

 

Le matériel est exact. Les phrases doivent donc être forgées exactement pour rendre le matériel. Il est pertinent de développer de l’exactitude dans la correspondance entre ce qu’on sent et ce qu’on formule. La pratique demeure un excellent moyen d’y arriver.

 

Quand on écrit sur le nouvel homme, c’est complètement révolutionnaire. On est dans l’artisanat des idées de demain. Or, justement il faut que ça reste juste ça, de l’artisanat, et non plus que ça devienne la haute littérature à laquelle on aspirait mémoriellement par l’intermédiaire de certains défunts.

 

La personne qui aime écrire aime idéaliser le livre qu’elle publiera un jour. Mais l’imagination est une cathédrale dorée dont il faut se déshypnotiser parce qu’en éblouissant l’ego, elle le garde passif. Ce lâcher-prise cèdera la place à une réelle intimité avec le plan de la lumière, et ceci enfin dynamisera l’ego. Car se tenir face à de la lumière n’a rien de statique. Il faut apprendre à affronter avec calme toute panne d’inspiration… et toute surabondance d’inspiration ! Un ego dynamisé par son intimité avec sa source ne craint plus de gérer la composition de son livre.

 

Avec les idées, on est dans le désir. Mais il n’y a pas de place pour le désir dans la centricité de l’homme qui écrit avec l’esprit. La seule chose qui vibre de concert avec la vibration de la programmation, c’est le besoin. Il faut que l’homme écrive de par un besoin évolutif de comprendre quelque chose de précis dans un moment précis de sa programmation.

 

Écrire au niveau conscient signifie établir un dialogue télépathique extrêmement serré avec sa source mentale, où l’ego est suffisamment transparent pour contester et ajuster et s’ajuster tout au long des éléments successifs de l’inspiration, de façon à démasquer les tentations diaboliques de l’esprit qui sporadiquement viennent vérifier le degré de corruptibilité de l’ego par les épreuves inhérentes à l’écriture. C’est en somme un microcosme de la vie.

 

Il y a un parallèle à faire entre l’acte d’écrire consciemment et la fusion entre l’homme et sa source, les deux sont de la co-création multidimensionnelle, les deux passent par le déploiement d’un échange entre eux qui soit équitable malgré la différence entre les deux dimensions, l’une spiritualisée et l’autre, une magnitude. Progresser dans l’un profite à l’autre. Écrire est un espace de déspiritualisation de la magnitude, qui permet de se rapprocher de cette vastitude.

 

Le monde de l’âme est un monde où « on croit ». La valeur qu’on donne aux choses leur confère un statut de loi et on ne peut plus faire autrement que de marcher au pas. L’esprit est un devenir infini. Si l’âme est le passé, l’esprit est le futur. Les mots ne sont plus des barreaux racontant une histoire passée, ils sont la structure qui tient en place un souffle le temps d’une écriture afin de faire restituer ce souffle le temps d’une lecture, ultérieurement, par un autre avatar de l’esprit.

 

La priorité dans l’écriture n’est ni dans la forme ou style du texte ni dans les formes ou pensées rassemblées dans le message. Elle est dans la cohérence vibratoire entre l’ego et son énergie. Autrement dit, elle est dans la capacité de l’ego de recevoir quelque chose qui doit être dit sans s’arrêter aux formes qui servent au transfert. Ce fut la force de Bernard.

 

La transparence du canal psychique est insipide, incolore, inodore. C’est une élévation vibratoire aux allures paranormales mais sans effets spéciaux. C’est un ascétisme très vibrant, une ellipse du soi, une dégustation du futur.

 

Notre potentiel électrique est retenu par un condensateur qui est l’astral, qui nous retient par sa théatralisation de la mémoire. Mais nous appartenons au réel, avec « eux-autres », avec ce plan mental qui travaille dans les coulisses de notre psyché. Nous, sur la scène, on s’allie à la salle, au qu’en dira-ton : on pense. Les écrivains involutifs se mettaient ainsi en scène. Si au contraire on s’allie aux coulisses qui s’étendent sans fin derrière la scène, on commence enfin à comprendre la pièce, on commence enfin à retrouver nos esprits. L’écrivain qui cesse de subir la scène restaure peu à peu son potentiel électrique intégral.

 

Ça ça me touche personnellement. J’ai remarqué, c’est vrai, que quand on commence en conscience, on voit apparaître à la portée de notre conscience des attitudes qui jusqu’alors avaient été enfouies et étaient restées insoupçonnées. Quand surgit ainsi une charge à la nouvelle conscience naissante non vigilante encore, l’ego – peu averti, peu dégourdi - lui cède et s’en obsède : c’est ça aussi le choc de l’esprit. On se voit égocentrique, vaniteux, impatient, etc, et on ne saisit pas tout de suite que toutes les âmes sont programmées avec ces pulsions. Il y a par exemple la pulsion, vieille comme le monde, qui a pour but de pousser l’ego à vouloir « sauver son âme ». Cette pulsion se manifeste en début d’évolution, le temps de rendre l’ego désireux d’accélérer le temps de sa désastralisation. Quand la personne a à développer l’écriture et qu’elle est aux prises avec cette ambition qui remonte des oubliettes, sauver son âme, elle récupère cette plate-forme de communication avec l’invisible pour se croire plus désastralisée qu’elle ne l’est en réalité. Souvent l’ego pressé d’avancer se croit aussi élevé en vibration que l’information sous sa plume - qui pourtant est ramenée de Bernard. Ou bien l’ego obtient une canalisation par l’écriture mais il fait l’erreur d’en faire son statut. La solution ? Elle vient par l’écriture. C’est ce lieu de folle ambition qui est transmutée en outil de conscience à mesure qu’il se libère de ses prétentions durant l’acte même d’écrire. Se centrer durant l’écriture fait en effet de celle-ci un miroir des pulsions inconscientes à conscientiser.

fait l’erreur d’en faire son statut. La solution ? Elle vient par l’écriture. C’est ce lieu de folle ambition qui est transmutée en outil de conscience à mesure qu’il se libère de ses prétentions durant l’acte même d’écrire. Se centrer durant l’écriture fait en effet de celle-ci un miroir des pulsions inconscientes à conscientiser.

 

L’écriture pose un choix. Il n’y a qu’une alternative : l’appartenance à notre dimension supérieure – dans notre centricité - ou l’allégeance à l’ogre astral – dans toute échappée périphérique à notre centre. De par la condition humaine, de par notre inconscience, nous sommes aveugles aux vastes impacts de cette alternative unique, certes, et quand même nous pouvons poser notre choix à tout moment dans la vie. Ce saut quantique est possible parce que nous pouvons ressentir vibratoirement notre centricité, et, par contraste avec elle, toute échappée périphérique à notre centre.

Or, dans l’intimité particulière que nous connaissons avec notre source pendant que nous écrivons, ce senti est très présent. L’écriture en voix de conscience est une oscillation entre les envolées verbeuses, où nous continuons à nourrir l’entropie dévastatrice, et les dictées mentales centriques, si fastidieuses pour l’ego toujours en mal de fuite… et si harmonieuses pour nos corps, nos centres, notre êtreté totale.

 

Ne pas juger ce qu’on écrit nous fait nous libérer des forces spiritualisantes et de la notion du bien et du mal qu’elles instituent. Ne pas juger ce qu’on écrit permet à l’ego de se stabiliser et d’accéder à son identité fondamentale.